Interview du Dr Madi Soilihi Rahia, Gynécologue à

El-Maarouf

Découvrez dans cette interview du 09/06/21, son approche, ses motivations et sa vision de la gynécologie.

Après l’obtention d’un Bac C en 2004, Dr Madi Soilihi Rahia, est partie à Madagascar poursuivre des études de médecine générale. En 2012, elle rentre aux Comores et travaille à l’hôpital pôle sud de Foumbouni où elle était médecin chef pendant 5 ans. Elle décida ensuite d’aller se spécialiser en gynécologie à l’université nationale MUHAS (Muhimbili university of health and allied sciences) de Tanzanie. La gynécologue a rejoint l’équipe médicale du CHN El-Maarouf au mois de mars 2021, où elle consulte tous les Lundis.

En quoi consiste le travail d’un(e) Gynécologue ? Quelles sont les pathologies que vous traitez ?
La\le gynécologue s’occupe des maladies de la femme, en rapport surtout avec l’appareil génital. L’Infertilité gynécologique, les troubles des règles, les grossesses à risques nécessitant une prise en charge plus spécialisée que celle de la sage-femme, les fibromes, etc. En gros on prend en charge tout ce qui est lié à la maternité et les autres soucis gynécologiques. Nous soignons toutes ces affections pour la santé et le bien-être de la femme en générale. Le travail journalier consiste à des jours de consultations, par exemple à s’occuper des opérations gynécologiques, des césariennes programmées, des
gardes et des visites, puis des accouchements.

Pourquoi avez-vous choisi cette spécialité en particulier?
Au début j’aimais beaucoup plus la pédiatrie, ensuite je me suis dit même avant cette spécialité on peut s’occuper des femmes enceintes pour qu’elles mettent au monde des enfants en bonne santé et sans complications. Et finalement la gynécologie englobe le côté pédiatrie par rapport au Néonatal et aussi le coté adulte par la femme, la maternité, ainsi je peux combiner les deux en les aidant jusqu’au bout.
Je pense qu’il n’y a jamais assez de gynécologues, parce qu’il faut pouvoir diminuer grandement la mortalité. Nulle n’est sensée mourir en donnant naissance.


Pourquoi avez-vous choisi de rentrer exercer aux Comores ?
J’ai choisi de rentrer parce que j’aime mon pays. Lors de mes formations quand j’ai été en Tanzanie et même à Madagascar, j’ai vu bon nombre de patients comoriens qui venaient pour se faire soigner, je me suis dit que mes compatriotes ont besoin de moi, qu’il fallait rentrer pour les aider.
Il est vrai que certaines pathologies graves nécessitent des évacuations, mais il existe d’autres maladies que l’on peut soigner sur place sans pour autant se déplacer jusqu’à l’extérieur.


Quelle est votre approche et votre vision de la gynécologie ?
C’est que l’on puisse améliorer la prise en charge médicale d’une façon à ce que les patients aient confiance en nous, par notre façon de les accueillir, de leur parler et de leur expliquer comment nous allons les aider. Puis surtout en allant vers d’autres techniques plus avancées par rapport à la chirurgie gynécologique telle que la Laparoscopie, et qu’on puisse faire des actes chirurgicaux sans pour autant avoir à ouvrir la patiente d’une façon ancienne.
J’ai remarqué qu’on est beaucoup confronté à des problèmes d’infertilité aux Comores. Par conséquent je souhaiterais que l’on puisse ouvrir un Centre de Fertilité afin de pouvoir aider les couples qui en auront besoin, car financièrement ce n’est pas évident pour tout le monde de pouvoir partir à l’extérieur et aller suivre un traitement.

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Selon vous, quelles seraient les qualités requises pour exercer en
Gynécologie ?

Je dirais que la gynécologie concerne l’intimité dans son ensemble, pas seulement de la femme mais aussi du couple et donc il faut des qualités telles que la bienveillance et la gentillesse pour mettre à l’aise les patients, car pour que quelqu’un puisse parler de son intimité sans tabous, il faut que celui-ci se sente bien accueilli et en confiance.
Je rajouterais la patience et la gentillesse parce que si en plus le médecin est rude ou pressé ce serait du gâchis, ça décourage et on passe à côté de beaucoup d’informations utiles sur la patiente qui auraient pû aider à sa prise en charge.
L’accueil est très important, c’est même une moitié de la thérapie.


Qu’est-ce qui vous passionne dans votre travail quotidien ?
Ce qui me passionne le plus c’est la maternité, il n’y a rien de plus beau qu’une femme qui vient te consulter parce qu’elle est enceinte et qu’elle veut accoucher, tu la suis et au final tout se passe bien puis elle finit par accoucher d’un bébé en bonne santé ; Quand je vois la joie de toute la famille, leur sourire me fait tellement plaisir !


Pour finir, auriez-vous des conseils à donner aux étudiants qui souhaitent
devenir médecins gynécologues ?

Il faut avant tout aimer la gynécologie et que ce choix soit une vocation car quand on n’aime pas ce que l’on fait, il sera difficile de pratiquer convenablement la médecine. Parfois nous devons passer des heures à convaincre une patiente à se faire opérer d’urgence, surtout chez nous aux Comores dans des cas pareils il faut savoir être patient. Malheureusement certains patients n’ont pas conscience du danger qui les guette, on doit leur expliquer clairement les faits.
Finalement dans ce métier l’obstétrique est très stressante, il faut avoir des nerfs d’acier pour gérer l’inquiétude jusqu’à ce que la femme accouche et être décisif en cas de complication. Une minute peut faire toute la différence.

Service Communication/ CHN El-Maarouf